Les diaporamas PowerPoint : retour vers une bonne utilisation !

ecranPowerPoint est né en 1987 sur Mac, et en 1990 sortait la première version pour Windows. Depuis quelque temps, on voit apparaître sur internet des articles exprimant un « ras-le-bol » des présentations PowerPoint [1]. Evidemment, il s’agit d’une critique applicable à l’ensemble des logiciels de ce type.

Ce n’est encore qu’un début mais il était temps !

Comment en est-on arrivés là ?

L’arrivée de PowerPoint a révolutionné la manière dont étaient conçues les présentations.

Retroproj-WikimCommonAuparavant, on concevait d’abord une présentation à partir des idées que l’on comptait transmettre à l’auditoire, car ensuite la réalisation des transparents avec feutres et règles, complétés parfois par des diapositives à projeter et un tableau était parfois fastidieuse : la partie visuelle étant lourde à mettre en place, mieux valait bien réfléchir à ce que l’on voulait montrer.

Avec PowerPoint, il est devenu possible d’avoir tout en un : rétroprojecteur et projecteur de diapos. Et puis… fini les feutres et les traits approximatifs : de beaux dessins, du beau texte, faciles à créer et à modifier.

Des effets secondaires… très indésirables

Mais au-delà des apports, il y a eu souvent des effets secondaires et négatifs. Par exemple :

  • Le plaisir de réaliser un ppt a souvent pris la place de la réflexion préalable : on se lance dans la réalisation avant même de véritablement penser au message que l’on veut transmettre.
  • L’usage abusif des différents styles et des effets d’animation, mais heureusement en baisse après l’enthousiasme excessif des années 2000.
  • Les diapos s’enchaînant les unes après les autres (on peut pourtant faire autrement), la présentation est la plupart du temps figée : l’orateur se coince lui-même dans un canevas prédéterminé, au lieu de pouvoir réagir si besoin à ce qu’exprime son public. La linéarité est parfois nécessaire dans une progression pédagogique, mais par moment il faut pouvoir s’adapter et modifier l’expression de sa pensée pour choisir le meilleur chemin pour ce public à ce
  • Le diaporama est parfois conçu par le présentateur comme le papier qu’il veut lire. Il réalise le ppt pour lui, pas pour son public.
  • Il est si facile d’incorporer des éléments de textes et des tableaux déjà existants. Pourtant le public n’est pas là pour lire un document, mais pour en obtenir les éléments fondamentaux d’une façon claire permettant leur compréhension. Or la diapositive ainsi conçue est en général illisible, ou même si elle l’est la quantité d’information décourage le public.

Facteur aggravant : les personnes mal à l’aise devant un public ou maîtrisant peu leur sujet, cherchent à faire passer leur diaporama avant leur propre présence, ce qui diminue l’impact de leur exposé.

Trop d’informations, parfois peu lisibles ou peu pertinentes, une présentation trop longue, un orateur mal à l’aise ou lisant son texte… et le public s’endort, malgré le temps passé à créer le diaporama.

Et lorsque l’on a le courage de faire le bilan, il est dans ce cas franchement négatif :

  • Démotivation du public
  • Des idées clés noyées dans l’ensemble ne passent pas auprès de l’auditoire
  • Temps de l’auditoire gaspillé
  • Temps de préparation de la réunion gaspillé.

Au final : une efficacité médiocre.

Mais un tir facile à rectifier

Il aura fallu près de 20 ans pour que des voix s’expriment à ce sujet, tellement la « magie » du powerpoint imprégnait nos sociétés.

Sur des présentation telles que décrites ci-dessus, j’ai constaté bien souvent que l’on pouvait non seulement supprimer près de la moitié des diapos, mais aussi diminuer par deux voire trois la quantité d’information présente sur de nombreuses diapositives.

Au final, et avec ce travail de remise au clair fait avec le concepteur, la présentation gagne considérablement en force. Après une phase de scepticisme, les orateurs en témoignent, appréciant la mise en valeur qui en résulte et constatant les bonnes réactions du public : une meilleure compréhension, une attention soutenue et portée sur l’orateur plutôt que sur les diapos ou sur la salle (et ses fenêtre !).

Alors NON : ce n’est pas sur les logiciels de présentation qu’il faut tirer à boulets rouges, mais sur leur mauvais usage.

Ce ne sont pas des formations à ces logiciels qu’il faut réaliser, mais bien des formations à la présentation en public.

Les guides pour réaliser un diaporama sont maintenant nombreux, avec d’excellentes indications sur le style, les polices, les illustrations… En amont de ceux-ci, voici quelques points clés qui peuvent accroître de façon substantielle votre efficacité.

  1. D’abord, s’obliger à ne pas se jeter sur son logiciel de présentation
  2. Prendre le temps, à la place, de se demander quelles sont les idées à transmettre et comment garder son public motivé. Structurer, organiser sans figer, réfléchir au style, choisir le vocabulaire adapté au public et aux concepts. S’obliger à trier.
  3. Prendre en compte les capacités d’apprentissage du public : une même idée peut souvent être portée par différents moyens. Quel sera le moyen le plus efficace pour ce public à cet instant, pour cette idée à partager ?
  4. Pour toute cette première phase, le papier et le crayon sont vos meilleurs amis.
  5. Calibrer la durée de la présentation, et surtout équilibrer entre ce qu’il y a à dire et ce qu’attend le public. On se laisse souvent prendre par ce que l’on a envie de dire
  6. Et en final seulement, réaliser les diapositives : celles-ci peuvent être des exemples, des illustrations, des concepts un peu difficiles à expliquer, ou simplement quelques mots clés. Le mieux est de réussir à faire des diapos que vous ne lirez pas, et qui ne sont pas un copié-collé de ce que vous direz. La diapo est une aide ou une explication complémentaire, pour le public. Et si vous utilisez de magnifiques graphismes… veillez à ce qu’ils ne soient pas trop beaux : l’attention serait dirigée plus vers les « oeuvres » que sur vos idées. Par exemple, voici un bon tutoriel pour cette phase.
  7. Vérifier le timing en se chronométrant : un intervenant qui respecte le temps imparti et va à l’essentiel est toujours plus apprécié.
  8. Avec moins de diapositives, vous pourrez facilement outrepasser leur linéarité si nécessaire. Et pour des présentations un peu plus longues, un système de navigation souple, avec des liens cliquables, vous permettra le cas échéant de vous adapter aux réactions de votre public.

 Alors… ?

Alors les logiciels de présentation pourront reprendre une juste place, celle d’un appui utile. Le temps excessif passé actuellement à leur réalisation pourra être réinvesti dans la réflexion préalable, pour une présentation plus efficace.

 

Une belle forme ne supplée jamais durablement à un mauvais fond.

Une mauvaise forme (ou une trop belle forme) peut freiner un bon fond.

Une belle forme vient valoriser un bon fond.

… Question d’équilibre.

 


[1]

http://gift.mercialfred.com/infographie-powerpoint

http://www.conseil-emploi.net/2014/05/je-nen-peux-plus-des-presentations.html

http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2014/05/14/01007-20140514ARTFIG00078-bunkr-leve-1-million-d-euros-pour-s-attaquer-a-powerpoint.php

http://prezi.com/

Ce contenu a été publié dans Non classé, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.