Recyclage des cagettes : l’exemple du MIN de Nantes

MinNantesEntreePrincAvec 470 M € de chiffre d’affaire, le MIN de Nantes est le second marché d’intérêt national juste après celui de Rungis. Constitué en SEM (société d’économie mixte), il héberge un peu plus de 100 sociétés, soit environ 1200 personnes.

 

P. Mariot, responsable du marché

P. Mariot, responsable du marché

C’est dans le cadre de ma mission « valorisation des emballages bois » pour le SIEL que j’ai eu le plaisir de rencontrer le responsable du marché, Patrice Mariot.

La SEM Min de Nantes emploie 19 personnes, dont 12 travaillent à l’élimination des déchets. Ceux-ci sont de tous types : plastiques, polystyrène, cartons, alimentaires, bois…

 La cagette vide est un déchet ?

Un emballage, une fois utilisé, est considéré légalement comme déchet (code de l’environnement, art. R543.66). Ainsi, une cagette vide qui a été utilisée, même si elle est en parfait état et non souillée, est considérée comme un déchet – et doit donc être traitée par les moyens et les voies légales correspondantes.

 Vue globale de la gestion des déchets

Depuis 15 ans, le MIN de Nantes réalise un tri complet des déchets. Auparavant, l’ensemble partait en DIB.

Arrivée des déchets pré-triés, sur le pool déchets.

Arrivée des déchets pré-triés, sur le pool déchets.

Des équipes pré-trient et acheminent en permanence les déchets, avec chariots élévateurs ou chariots selon les cas, jusqu’au pool déchet ou ils seront traités.

Le ramassage est réalisé en continu.

Les personnes du pool prennent en charge les quantités amenées, séparent les différents matériaux, trient l’ensemble puis les traitent :

  •  Le polystyrène est broyé et compacté.

Polystyrène prêt pour compactage

Polystyrène prêt pour compactage

Sur la palette, une barre de polystyrène compacté

Sur la palette, une barre de polystyrène compacté

  • Les plastiques recyclables sont compactés
  • Le bois (palettes cassées et cagettes) est broyé
  • Les cartons sont compactés dans une presse à balle. Actuellement, chaque balle pèse 800 kg mais une prochaine presse plus puissante pourrait améliorer le compactage en les amenant à une tonne. L’intérêt est naturellement d’en faciliter le stockage, et de diminuer le nombre de rotations nécessaire à leur enlèvement.

Presse à balle pour le carton

Presse à balle pour le carton

Alimentation de la presse à balle

Alimentation de la presse à balle

  • Les aliments invendus mais consommables sont récupérés en amont par le secours populaire.
  • Les aliments non consommables sont stockés dans une benne, ils seront recyclés en compost.
  • Et il reste les déchets non recyclables, DIB (déchets industriels banals) : feuillards non métalliques, cornières constituées de briques alimentaires recyclées une fois, plastiques non recyclables etc. L’ensemble est mis en caisson par un compacteur à bouclier.

L’ensemble (sauf palettes réutilisables) est emmené par deux sociétés de récupération.

 Le bois : cagettes et palettes.

Les cagettes en bois sont largement utilisées par les producteurs attentifs à la conservation des qualités de leurs fruits, légumes, ou poissons.

minN-cag2 minN-cag1

Sur le pool déchets, les cagettes doivent être débarrassées de leur contenu éventuel : aliments, plastiques, papiers.

minN-tribroy

Elles sont ensuite passées, avec des palettes cassées, dans un broyeur. Celui-ci est un prototype réalisé il y a quelques années, à la demande du MIN, par une société nantaise.

Le broyat tombe dans un bac, et est emmené ensuite en benne par un chariot retourneur.

minN-broy minN-broy3

En été, période où la production de fruits est maximale – notamment abricots, cerises et melons – deux bennes de 40 m3 sont nécessaires pour absorber le flux. En hiver une seule benne suffit.

Est-il possible d’améliorer le système ?

Le processus implique de déplacer une grande quantité d’emballages vides, ce qui consomme un temps important. La question est donc de savoir si un compactage sur place, par exemple avec des compacteurs de faibles dimensions situés en plusieurs endroits stratégiques, ne permettrait pas de réduire le temps consacré à ce transport.
En réalité dans ce cas précis, non seulement on évite de devoir gérer et entretenir un parc machine important, mais surtout la centralisation en un lieu unique permet d’assurer une qualité de tri optimale. et donc de mieux valoriser les déchets en favorisant le recyclage.
Au-delà de cette responsabilité environnementale (et obligation légale), les coûts de traitement des déchets en sont ainsi considérablement réduits.

Actuellement, le bois est broyé et mis en benne. D’autres pistes sont envisageables, comme la combinaison du broyeur avec un rouleau compacteur sur les bennes, l’utilisation de compacteurs à poste fixe (à bouclier, ou mieux pour la cagette : à vis) etc. afin de diminuer le volume stocké et diminuer le coût des rotations entre le MIN et le recycleur.
En première approche, la solution utilisée est probablement une des meilleures compte tenu de la configuration et de l’organisation générale. Une éventuelle optimisation demanderait préalablement une analyse fine faisant intervenir l’ensemble des coûts (directs, indirects, personnel etc.). Le déménagement du MIN à Rezé, en 2018, sera l’occasion d’une telle réflexion.

La deuxième vie des cagettes

Certains se demandent légitimement pourquoi on ne réutiliserait pas les cagettes. Le réusage existe, mais la réponse doit en réalité considérer les aspects pratiques et écologiques.
D’une part le stockage de milliers de cagettes chaque jour prendrait un espace absolument considérable, et leur rechargement nécessiterait un temps de personnel élevé.
D’autre part, et surtout, transporter ces cagettes vides demanderait une quantité très importante de camions… avec un bilan écologique désastreux à la clé. Ce que confirme d’ailleurs une analyse du cycle de vie de la cagette, réalisée par l’ADEME.
Contrairement aux produits utilisant une matière première fossile et pour lesquels le ré-usage est plus adapté, la cagette utilise une ressource renouvelable – le bois et qui plus est un bois produit localement – et s’inscrit dans une réelle économie circulaire.

C’est ainsi que l’année dernière (2014), 250 tonnes de cagettes ont été traitées et recyclées sur le MIN de Nantes. Jusqu’à il y a peu, leur bois était réutilisé pour la fabrication de panneaux de particules. Maintenant, elles permettent de produire de l’énergie. Nous sommes là dans l’alliance de l’économie et de l’écologie.

Ce contenu a été publié dans Non classé, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.